La fille qui était la fille spirituelle de Nicolas Vanier

La fille a regardé par la fenêtre de son chez elle douillet, a hésité puis, prenant son courage à deux mains, a décidé d’y aller. C’est qu’elle a le sens des priorités et incontestablement, c’en était une.

Elle a donc enfilé deux paires de collants, un leggings, une paire de chaussette en laine de Yak du Kazakhstan, trois sous-pulls Damart, un sur-pull en laine de Yéti de l’Ouzbékistan, un jean (pour pas avoir l’air de sorti en pyjama), une parka en poils de renards morts, des après-ski, des moufles en plastique de bouteilles recyclées, une chapka en poils de Chinchillas décédés, un cache-nez en pilou-pilou et elle est partie affronter la nature hostile.

Il neigeait.

Mais rien n’aurait pu détourner la fille de son objectif. Il ne sera pas  dit qu’elle est du genre à se laisser impressionner par les éléments déchaînés. Scrounch, scrounch, scrounch, faisait la neige sous ses pas. Au détour d’une rue, elle a croisé un ours polaire. Bonjour, lui a-t’elle joyeusement lancé. Greuharrr, a répondu l’ours qui était occupé à bouffer un bébé phoque. Elle a marché longtemps avant d’apercevoir enfin la civilisation. Le blizzard était terrible. Elle avait froid de partout même de là où elle ne pensait pas que c’était possible. L’hypothermie la guettait, ses extrémités membresques menaçaient de se désolidariser du reste de son corps, la congélation gagnait ses poumons quand elle l’a vu enfin. Son enseigne dépassait à peine des congères. Dans un dernier effort (un effort surhumain) elle contourna une bande d’Esquimaux qui dépeçaient un morse sur la  place de la Mairie.

Dix mètres. Putain, la fille, tu y es presque.

Cinq mètres. Allez, allez, ALLEZ !

Un mètre. Tends la main, essaie de d’atteindre la poignée de la porte.

Zéro mètre. Victoire, tu es arrivée.

La fille secoue la poignée mais la porte ne s’ouvre pas. Merde, le froid a du bloquer la  porte, qu’elle se dit. Elle prend un peu d’élan (et s’est pas facile quand tu as des engelures aux pieds) et y fout un grand coup d’épaule. La porte ne bouge pas. Si épaule si, elle est déboîtée. C’est alors que lui est venue l’idée de lire le  message qui avait été scotché sur la vitrine.

Exceptionnellement, votre auto-école  sera fermée cette après-midi. Nous vous prions de bien vouloir nous excuser. 

Le CER de Labrousse.

Vaincue, la fille s’est laissé choir sur le sol glacé, attendant que la mort vienne la chercher. Finalement, les Esquimaux ont eu pitié d’elle et l’ont ramené chez elle en traîneau. C’était l’occasion de se faire des amis.

La fille et ses deux nouveaux potes

Autant te dire que si la fille est prête à braver la  tempête pour faire du putain de code de la route, rien ne pourra l’empêchera d’aller à Paris Dimanche pour dire OUI au mariage pour tous, OUI à l’adoption pour tous et OUI à la PMA pour tous.

PS / Un petit point santé vite fait. La fille n’a toujours pas reçu les résultats de son frottis, elle vient d’entamer sa troisième boîte de Lexomil. Depuis ce matin.