Un message de V. alias La Grenouille

Suite au billet de la fille concernant l’hypocrisie de la circulaire sur le don d’ovocyte  à l’étranger et ces conséquences désastreuses sur les gens, vous avez été nombreuses à réagir et à proposer votre aide à V. l’amie de la fille. Elle a tenue à vous écrire ce mot pour vous remercier. Elle l’avait laissé dans les commentaires mais il serait peut-être passé inaperçu alors le voici en exclusivité mondiale.

Bonjour,

je suis V. l’amie de La Fille. Je voulais vous remercier pour vos messages de soutien et pour les dons de médocs. Je suis vraiment très touchée de ce que vous faites. En plus, cela m’a donné l’occasion de faire de bien jolies rencontres. Je suis infiniment reconnaissante à La Fille et à toutes les filles de PMAland.

J’ai moins de 42 ans (à peine), j’ai donc droit à cette prise en charge (normalement). Le plus dur, c’est de se faire claquer la porte au nez par PLUSIEURS médecins en qui j’avais confiance. Non seulement, il faut se procurer les médocs mais en plus, il faut partir à l’aventure puisque pas de suivi, pas de prise de sang pour contrôler les taux d’hormones, pas d’écho pour vérifier l’endomètre. L’État Français, nous laisse ainsi nous aventurer sans assumer son rôle (et le serment d’Hippocrate alors???).

Personnellement, si je suis dans cette situation aujourd’hui, c’est parce qu’il y a 25 ans, on ne m’a pas diagnostiqué une maladie(malgré tous mes appels au secours) qui m’a finalement conduite 3 ans à l’hôpital et bousillé ma vie. La dernière crise, j’étais à 5 mois de grossesse, j’ai perdu ma fille et j’ai passé 6 mois à l’hôpital. Le temps de me remettre de tout ça (ça a pris plus de deux ans), je commençais à être en insuffisance ovarienne et je n’avais plus de trompes (et plus de côlon non plus et un peu de grêle en moins). J’ai une maladie de Crohn, version sévère.

Je ne pense pas mériter plus ou moins que n’importe quelle Pmette le bonheur d’être maman. On en chie tout(e)s, chacun(e) à notre façon. En revanche, compte tenu des circonstances, je crois que la sécu me doit au moins ça, vu qu’au départ, j’ai rien demandé à personne et que si les médecins avaient fait correctement leur boulot au lieu de dire à mes parents que c’était dans la tête et que je faisais de l’anorexie mentale (oui, oui, diagnostiquée par les grand spécialistes de gastro-entérologie), et ben, j’en serais pas là aujourd’hui!!

Enfin, des lois ont été établies pour que nous puissions avoir une chance de pouvoir devenir parents, j’entends que mon pays ne contourne pas ces lois pour faire quelques économies sur le dos des couples en souffrance.

Merci à toutes, du fond du cœur. Je vous tiens au courant.

Grosses bises.
La Grenouille, V.

La fille vous remercie elle aussi  d’avoir été si nombreuses à réagir. Comme quoi le virtuel, ça amène parfois a plus de solidarité que dans la vraie vie.

Edit : Pour celles et ceux (on ne sait jamais, pas discrimination) qui le souhaitent, La Grenouille, s’est crée une adresse mail rien que pour vous. Alors, si vous souhaitez échanger avec elle sur la PMA, le don d’ovocyte, la maladie de Crohn, le CAC 40 (mais c’est pas son domaine de prédilection) ou les plats surgelés au cheval roumain, c’est là que ça se passe : froggyenpma@yahoo.fr

 

La fille qui avait un nouveau stylo

Le TEC est pour bientôt. Aux prochaines règles de la fille (qui ne devraient plus tarder), on attaque. La fille pensait avoir  droit à un transfert sur cycle spontané (rapport à son endomètre de compétition et à sa glaire top qualité – limite on pourrait croire que c’est du made in Germany) mais le Professeur a en décidé autrement. Stimulation ovarienne il y a aura puisque c’est Lui qui l’a voulu.

Au début, la fille a été chafouine (Han, encore des piqûres! Merde!) et puis elle a vu que ce coup-ci, elle allait pouvoir tester de nouveaux produits don( le mythique Puregon Pen (enfin mythique que si t’es en PMA, il reste injustement ignoré du reste de la populasse). Et la fille, les stylos à piquouse, ça l’éclate (par contre elle va tester aussi l’Orgalutran et bon, ça la laisse froide comme un spéculum  en inox). C’est donc toute heureuse qu’elle s’est rendue à la pharmacie chercher son dû. Un constat : ça doit pas être la PMA qui fait vivre les pharmacies Labroussiennes vu que sur les 4 produits prescrits, seul l’acide folique était immédiatement disponible. Le reste, il a fallu le commander.

La lendemain, la fille y retourne, espérant bien que cette fois-ci elle aura des hormones à stocker dans son frigo (au milieu de la laitue et des Fjords). La pharmacienne va chercher sa commande et pose le tout sur le comptoir pour montrer à la fille que tout est là.

La pharmacienne : Alors là, vous avez l’Ovitrelle à bien conserver au frigo. Vous savez comme ça marche? C’est tout prêt, vous n’avez plus qu’à vous injecter le produit.

La fille : Oui, oui, je connais.

La pharmacienne : Là, c’est l’Orgalutran, même principe. Vous le mettez au frigo aussi.

La fille : D’accord.

La pharmacienne : Et voilà les 5 recharges de Puregon 300 UI. Voilà, tout est bon. Il vous faut autre chose?

La fille : Ben oui, le Puregon Pen. Le stylo pour m’injecter le produit. LE truc un peu indispensable.

La pharmacienne : Ah bon? Mais vous en avez pas déjà un ?

La fille : Si j’en fait la collection, c’est pour ça que j’en voudrais un nouveau. Je décore mes chiottes avec. Je suis PuregonPenophile. Ben, non, j’en ai pas. C’est la première fois que j’en utilise. Avant j’étais abonnée au Gonal-f.

La pharmacienne : Faites-voir votre ordonnance.

La fille : Je ne l’ai pas avec moi. Je vous l’ai filé hier, vous ne l’avez pas photocopiée?

La pharmacienne : Non, et puis j’en ai pas de Puregon Pen, moi.

La fille : Ah? Et j’en fait quoi moi de mes cinq cartouches de Purégon si j’ai pas stylo pour me faire mes injections? Je m’en sert comme Godmiché? 

La pharmacienne : Vous êtes sûre qu’il vous faut le stylo? Vous ne pouvez pas utiliser des seringues normales?

La fille : Plutôt crever. Non, je veux le truc qui va bien, avec la mollette pour régler la dose exacte et la petite aiguille qui fait pas mal et le piston qui fait descendre le tout en un clic. JE VEUX LE PUREGON PEN.

La pharmacienne : Ah mais les aiguilles, vous les avez déjà avec les recharges.

La fille : Super mais il ma fait quand même le stylo parce qu’elles ne vont que là-dessus. Je peux le payer si ça pose problème.

La pharmacienne : Ben, c’est cher, ça vaut dans les 45 € et puis surtout, j’en ai pas.

La fille : J’ai envie de commettre un meurtre. Mes mains ont envie de serrer ton cou jusqu’à ce que tes yeux sortent de leurs orbites. Et ça ne se commande pas?

La pharmacienne : Si mais vous ne l’aurez pas aujourd’hui. Et puis moi, il me faut une ordonnance.

La fille : Mais je n’en ai pas besoin aujourd’hui. Toi par contre, t’as besoin de vitamines pour booster les neurones. Serait-il donc possible si ça t’emmerde pas trop d’en commander un et je vous amènerez mon ordonnance quand je viendrai le chercher.  Et après tu me vois plus jamais. JAMAIS.

La pharmacienne : Ah mais oui, bien sûr que c’est possible. Vous m’avez fait peur. J’ai cru que vous aviez besoin aujourd’hui.

La fille : Rappelle-moi morue quand j’ai dit ça? Haha, non, tout va bien. Je suis un tout peu prévoyante quand même. LOL.

La  pharmacienne : Hihihi, Vous l’aurez demain. Et n’oubliez pas votre ordonnance. Hihihi.

Bref, la fille est parée pour ce TEC. Finalement, elle bouffera plus d’hormones pour que pour une IAD alors qu’on se fiche de ces ovocytes comme de son premier Tempax. Elle qui pensait qu’un TEC, c’était finger in the noze et plume dans le cul, elle en est pour ses frais.

Sinon, comment te dire, ce TEC, elle y croit moyen. Elle voit trois options :

  1. Les embryons ne supportent pas la décongélation et il ‘y a pas de transfert (ouais, il a y trois embryons et alors? );
  2. Un embryon est transféré mais il ne s’accroche pas;
  3. Un embryon est transféré, il s’accroche mais il décide finalement de se petit-suicider parce que life is bitch et que « ça craint ici, je m’arrache« .

Il reste bien sûr une dernière option (un embryon est transféré, il s’accroche, « finalement on est pas si mal, il fait chaud, c’est pas comme dans leur cuve » et dans 14 ans il hurlera à la fille avec sa voix qui part dans les aiguës rapport au fait qu’il mue « d’toute façon t’es pas ma mère, je te déteste!!!!« , ce à quoi la fille lui répondra que si elle avait su qu’un jour il aurait cette voix de truie qu’on égorge, elle serait pas allée chercher son Puregon Pen) mais étonnamment, c’est celle qui lui semble la moins probable.

Oui, c’est vrai, la fille avait dit que maintenant, elle était optimiste et ça c’est pas trop optimiste. C’est peut-être juste parce que pour la FIV, elle y avait mis tout son optimisme refoulé depuis la première fois où elle a entendu le terme cancer de la couille gauche et que son stock n’est pas encore tout à fait reconstitué. Mais ça va venir. Dans une semaine, elle croira fermement que le conflit Israélo-Paslestinien peut se résoudre autour d’un diabolo menthe et d’une crêpe au Nutella (merde, est-ce que c’est casher la crêpe au Nutella?).

En attendant, la fille va éviscérer son chat qui vient de pissé sur le canapé.

P.S. A la demande générale de Banane, voici une photo de l’objet du délit.

Hein, qu'il est beau, qu'il est  beau le lavabo?

Hein, qu’il est beau, qu’il est beau le lavabo?

La circulaire qui aurait mieux fait de ne pas circuler

Depuis le  mois de Janvier une circulaire du Ministère de la Santé met en émois les gynécologues et les couples ayant besoin d’un don d’ovocyte. Cette circulaire rappelle aux médecins qu’ils encourent 75 000 € d’amande et 5 ans de prison s’ils transmettent des informations à leurs patients concernant des cliniques étrangères pratiquant ce don dans les conditions contraires à la loi française (en France le don de gamètes est gratuit et anonymes et le double don ovocyte-sperme est impossible). En gros, cela exclurait d’office tous les pays dans lesquels se rendent les couples français (Espagne, Grèce, Tchéquie…) parce que les donneuses y sont rémunérées.

En France, il faut un délai de 2 à 5 pour bénéficier d’un don d’ovocyte (contre 1 à 2 ans pour un don de sperme) et les femmes de plus de 37 ans en sont quasiment exclues dans les faits (priorités est faite aux couples jeunes). Il ne s’agit d’une discrimination voulue de la part des gynécologues mais devant la pénurie de donneuses, tout le mode ne peut pas bénéficier de cette PMA-là. C’est pourquoi, la sécurité sociale accepte de prendre en charge une partie des frais que paient les couples qui se tournent à l’étranger. Sauf que pour pouvoir être remboursé, la sécu exige un courrier du médecin expliquant pourquoi la femme a besoin d’avoir recourt d’un don d’ovocyte.

Depuis la circulaire, nombre de médecins refusent de rédiger ce fameux courrier par peur d’aller en prison. Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, affirme que cette circulaire ne concernent  que les gynécologues qui se font rémunérer par les cliniques étrangères pour leur envoyer leur patientes. En attendant, c’est le bordel et ce sont bien les patients qui en font les frais.

Comme la copine V. de la fille. 41 ans, insuffisance ovarienne et trompes bouchées, plusieurs échecs de FIV et FC à son actif, elle décide de passer au don et de se rendre en République Tchèque. Elle est en train de monter son dossier pour la sécu quand la circulaire est envoyée aux médecins. Ni sa gynécologue de PMA, ni sa généraliste n’acceptent de lui rédiger la fameuse lettre qui explique sa situation. Pour V., le recours au don d’ovocyte est un sacrifice financier énorme. Elle s’est endettée pour pouvoir y avoir recours. L’argent de la sécu aurait été plus que bienvenue, lui permettant de pouvoir envisager de faire 2 FIV Do (en cas d’échec de la première). V. est obligée de payer pour un soin que normalement la France devrait pouvoir lui fournir. Elle paie les peaux cassés de la pénurie de donneuse.

Et c’est là qu’on touche au summum de l’hypocrisie. Si la France manque de donneuses (et de donneurs mais dans une moindre mesure), c’est parce qu’elle a opté pour l’anonymat et la gratuité de tous les dons de produits humains (sang, gamètes, organes, moelle osseuse…). C’est beau, c’est noble mais c’est inefficace dans le cas du don de gamètes. Si à l’étranger des cliniques accueillent les couples français, c’est bien parce qu’elles rémunèrent les donneuses et les donneurs et que de ce fait, elles en ont à foison.

V. ira faire sa FIV DO. Elle paiera la totalité du coût s’il le faut (elle essaie de se dépatouiller avec sa CPAM). Le traitement de la donneuse est compris dans le coût de la FIV mais elle doit aussi se payer son traitement. Elle a besoin d’Utrogestan (ou de ses génériques) et de Provamès. Comme il n’y a pas de petites économies, s’il t’en reste quelques boites dont tu ne sais que faire, tu peux écrire à la fille (V. n’a pas de blog) à madeline2011 at ymail point com qui lui transmettra. Merci à toi, lectrice. 

Et sinon, tu peux aller signer cette pétition si toi aussi tu trouves cette circulaire ubuesque. Pour plus d’infos sur la circulaire  tu peux aller voir ici, ici et ici aussi.

Le gynécologue, un ami qui vous veut du bien

Lectrice (lecteur tu es moins concerné mais lis quand même, se culturer c’est important), tu en as croisé souvent. Et pourtant il reste un mystère. Qu’est-ce qui peut bien pousser un être humain à vouloir passer ses journées la tête entre des cuisses féminines à farfouiller dans des vagins (à  part DSK ou les acteurs porno, je veux dire)? Et d’ailleurs, le gynécologue est-il seulement humain?

A première vue, il nous ressemble. Si tu lui enlève sa blouse blanche et son spéculum, il pourrait tout aussi bien être ta voisine Henriette ou le sosie de Laurent Delahousse (si ton gynécologue est le sosie de Laurent Delahousse, la fille veut bien que tu lui files ses coordonnées). Il a deux bras, deux jambes et parfois une paire de lunettes. Bref, il a l’air normal. Sauf que lui, il a fait au minimum 11 ans d’études. Rien que ça, c’est suspect. On pourrait penser qu’un CAP Boucherie suffirait mais en fait le gynécologue est avant tout un médecin. Les gens normaux, eux, sont comptables ou transformistes chez Michou. A la rigueur, kinésithérapeutes.  Il faut être passablement dégénéré pour se lancer dans des études de médecine. Et à fortiori pour se spécialiser dans la foufoune et les nichons.

Des études très sérieuses, scientifiquement validées par la fille qui a bac -12, ont démontré que le gynécologue est un pervers polymorphe qui a réussi dans la vie. Enfant, il disséquait des animaux et il a eu son premier orgasme en regardant un épisode de Il était une fois la vie. Adulte, il joue au golf, passe ses vacances aux Bahamas, participe à des congrès sur la prévention des Chlamydia avec d’autres gynécologues et tous ensemble ils font des blagues à base de cyprine et d’endocol qu’eux seuls peuvent comprendre (les sages-femmes se marrent avec les périnées, chacun son truc).   Assez souvent, le gynécologue est une femme, ce qui prouve que la perversion n’est pas l’apanage des hommes.

Mais observons-le d’un peu plus près. On remarque qu’il se divise en différentes variétés (comme la mâche qui est une variété de salade à la différence qu’on n’assaisonne pas son gynécologue avec de l’huile de noix et du vinaigre balsamique) (encore que ça pourrait être marrant). Étudions-les de ce pas.

La Brute Epaisse. Il n’est pas foncièrement méchant. Il a juste zappé le cours en fac de médecine où  on expliquait que le morceau de chaire autours de l’utérus est un être humain pourvu de récepteurs nociceptifs. Ça tombait pendant le bizutage, pas de bol. Généralement, quand La Brute entreprend de te faire un touché vaginal, tu réclames une anesthésie générale, quand il te fait une échographie endo-vaginale, tu pleures ta mère, et quand il te tâte les seins, tu veux devenir un mec. Les frottis? tu ne t’en souviens pas, tu as tourné de l’oeil juste avant.

Le Paternaliste. Il te parle comme si tu avais 4 ans 1/2. Il te fait penser à Jacques Martin du temps où il présentait l’Ecole des Fans. Tu es tentée de lui faire remarquer que tu es majeure et vaccinée et qu’il peut donc s’adressait à toi normalement mais tu as peur de te faire gronder. Au moins, il t’explique bien ce qu’il fait. « Attention, je vais mettre le gentil spéculum dans ton joli vagin. Surtout n’es pas peur, ça fait pas bobo. C’est bien, tu es été très courageuse. » L’arnaque c’est qu’à la fin de la consultation, il ne te file pas même pas de sucette (par contre, il prend volontiers ton chèque).

Le Congélateur. Il est froid. Bon Dieu, qu’il est froid. Certaines affirment qu’elles l’ont vu sourire en 1973. Tu n’y crois pas, encore une légende urbaine. C’est bien simple, quand tu vas le voir, tu entres en hypothermie direct. Tu te demandes ce qu’il se passerait s’il croisait ton regard, peut-être qu’il te changerait en statut de glace. Heureusement, ça n’arrive jamais.

Le Bisounours. Avec lui, tout est « merveilleux », « formidable », « superbe », « splendide », « excellent ». Au début, tu trouvais ça réconfortant tout cet enthousiasme. Il est chaleureux, on ne peut pas lui enlever ça. Tu as quand même fini par trouver son optimisme pénible quand il t’a affirmé que la prochaine serait la bonne après l’échec de ta quatrième FIV.

Le Marchand de Tapis. Tu veux un gosse? Il peut t’en faire quatre. Tes trompes bouchées? Ton insuffisance ovarienne? La quasi-azoospermie de ton mec? Pas un problème. « Non, madame, je peux vous affirmer que vous n’aurez pas besoin de passer par le  don de gamètes ou l’adoption. D’ailleurs, on va commencer par des IAC sur cycles spontanés. Commencez à regarder les poussettes doubles. Ça fera 300 €. »

La Star. Il  passe plus de temps sur le plateau des Maternelles que dans son cabinet, il a les dents blanches, il est bronzé même en plein Novembre. C’est trois mois au bas mot pour obtenir un rendez-vous en urgence et ça te coûte un demi-salaire en dépassement d’honoraires. Sinon, il est sympa, il t’appelle Brigitte. Tu t’appelles Nicole mais qu’importe, il  parait qu’il a mis au monde les enfants de Monica Bellucci. Du coup, t’as un peu l’impression d’être une star toi aussi.

Le Misogyne. Il déteste les femmes, il les méprise, il les conchie. Il n’y a qu’une seule explication au fait qu’il ait choisi ce métier : il veut leur faire payer. Quoi, tu ne sais pas mais tu paieras toi aussi. Il faut que tu saches que tout est de ta faute. Tout. L’infertilité de ton mec, tes fausses-couches à répétitions, ton utérus contractile et la misère dans le monde. Tu n’es qu’une petite chose geignarde et inutile. Limite, on devrait lui filer la médaille du mérite pour consentir à te soigner.

L’Etourdi. Il te demande comment vont les enfants alors que tu le vois parce que, justement, tu n’arrives pas à en avoir. Il te propose une contraception alors tu es enceinte. Il s’inquiète de savoir si tes règles sont régulières alors que tu n’as plus d’utérus. Ça 10 ans qu’il te suis et rien à faire, il ne se souvient jamais de toi. Tu veux bien comprendre qu’il voit  beaucoup de patientes et qu’il ne peut pas se souvenir de toutes mais tout de même, il pourrait au moins lire ton dossier avant de te recevoir. Ça lui aurait évité de te demander comment se passait la grossesse alors qu’il t’a fait un curetage le  mois dernier.

Le Grand Ponte. Dieu, c’est Lui. En toute modestie, bien sûr. D’ailleurs, Il n’est pas un vulgaire Docteur. Non, Lui, c’est un Professeur. UN PROFESSEUR, bordel de merde. Tu ne sais pas ce qui Lui vaut ce titre mais à n’enpas douté, c’est mérité. Quand Il passe en coup de vent, drapé dans Sa blanche blouse, dans les couloirs de l’hôpital, le personnel soignant Lui fait la révérence. Une fois, une secrétaire s’est défenestrée parce qu’Il lui a fait remarquer qu’elle avait oublié de mettre du sucre dans Son café. Il est tellement fort qu’Il peut te guérir de ton cancer du col de l’utérus rien qu’en te regardant. Quand Il te sert la main pour te dire bonjour, tu ne la laves plus pendant un mois. Tu as déjà écrit plusieurs fois au Vatican pour les  prévenir que le Messie était revenu et qu’Il est gynécologue. Ils ne t’ont jamais répondu. Les cons.

L’Empathique. Il t’accueille en te souriant. Il te demande comment ça va et,  truc de dingue, il écoute ta réponse. IL t’explique pourquoi il envisage tel examen, pourquoi il choisi tel traitement. Il répond à tes questions, il te regarde dans les yeux. Il est doux pendant l’examen et te demande de le prévenir si tu as mal. Il respecte ta pudeur, il a prévu un paravent pour que tu puisses te déshabiller et te rhabiller tranquillement. Il t’expose les faits sans jamais chercher à les minimiser où à dramatiser. Il parait qu’il existe. Bon, ben, tu vas continuer à chercher alors. Une chose est certaine, c’est que le jour où tu le trouves, tu ne le lâches pas.

Il existe sans doute d’autre variétés de gynécologues mais la fille est trop fatiguée pour les aborder aujourd’hui (tu connais toutes les variétés de salades, toi?). La tâche est d’autant plus compliquée qu’un seul de ces individus peut parfois appartenir à plusieurs de ces espèces. Nous, femmes infertiles qui le fréquentons assidûment, on le déteste souvent. Impossible de s’en débarrasser. Tout comme le morpions, il s’accroche à nos poils pubiens. On pourrait croire qu’une épilation intégrale suffirait à l’éloigner mais même pas. Le plus terrible, c’est qu’on a besoin de lui (preuve que dans une vie antérieure on a du faire des choses pas jolies, jolies).

(Wouah, deux billets dans la même semaine, c’est le teuf! Ne t’emballes pas, lecteur, c’est un vieux billet que la fille ressort pour que tu te prépares psychologiquement et en douceur à sa non présence blogospérique.)

Pendant ce temps à Véra Cruz

– L’année 2013 ne sera pas l’année du pèze. Entre EDF qui leur ponctionne 1000 € parce qu’ils ne savent pas faire des estimations de consommation réalistes, le loyer qui augmente et les deux mariages de potes qui vont leur coûter un bras et demi, c’est  la crise chez l’homme et la fille.

– Au premier coup d’oeil, elle l’a aimé. Au deuxième, son coeur s’est brisé. Tout avait pourtant si bien commencé. Mais à 350 €, son histoire d’amour avec le sac de ses rêves a été tuée dans l’oeuf (conséquence du point sus-cité). Depuis, la fille est en dépression.

– La fille n’a pas de nouvelles de son centre PMA. Elle n’a foutrement aucune idée de quand aura lieu son TEC. Pas grave, elle continue de prendre du poids exactement comme si elle était toujours enceinte. Mais du cul.

– L’homme a passé un week-end riche en émotions et du coup la fille aussi. C’est un grand sensible son homme.

– L’homme a réparé la chasse d’eau et depuis la fille veut l’inscrire à Master Bricolo. Il peut gagner.

– Ce soir, il y a Castle à la télé. Chouette.

– Plus d’un mois sans avoir montré son dedans de elle à personne, elle est en manque. Vivement le prochain touché vaginal.

– Plus personne ne lui donne du « mademoiselle », ça la rend triste.

– Le chat s’est trouvé une nouvelle passion : boire l’eau des chiottes.

– Il faut qu’elle change les draps du lit mais elle a la flemme.

– La fille envisage parfois de se mettre au footing et puis il se met à pleuvoir (ou à neiger) alors elle reste sur son canapé à bouffer des spéculoos (d’où sa grossesse du cul).

– Elle a fait 12 fautes au code la route. La monitrice a dit « Va peut-être falloir passer l’examen. On sait jamais, vous l’aurez peut-être du premier coup ».

– Un ancien collègue de travail de l’homme  a un petit garçon qui est né avec une leucémie (oui, oui, tu as bien lu, il est né avec – bienvenue mon gars!). Il va peut-être s’en sortir (c’est tout ce qu’on lui souhaite) grâce à un don de moelle osseuse (et pas de moelle épinière). Alors si tu sais pas quoi faire comme bonne action, tu pourrais peut-être aller voir par en quoi consiste le don de moelle osseuse. Et pourquoi pas t’inscrire.

– La fille bosse sur un projet qui lui tient  très, très à coeur alors elle a pas beaucoup de temps à consacrer à son blog et au tien. Mais c’est pas pour autant qu’elle t’aime plus, hein.

–  Si on demandait à la fille ce qu’elle changerait dans sa vie si elle en avait la possibilité, elle répondrait : rien. Même le tout pourri elle le garde parce que ça l’a mené à sa vie d’aujourd’hui et qu’elle est pas si mal finalement.

– L’homme et la fille vont bientôt fêter les 14 de leur vie à deux. 14 ans, c’est le moment où les parents de la fille se sont désaimés. Bon, vu les déclarations enflammés qu’ils se sont faites ce week-end, l’homme et la fille sont bien partis pour durer 14 années de plus.

– Dieu, si tu  existes, est-ce que tu pourrais faire en sorte qu’on est un vrai été cette année? Genre il ferait beau et chaud plus de trois jours d’affilés. C’est possible? Et une grossesse évolutive aussi? Merci Dieu.

– La fille s’insurge contre les chaussettes qui se trouent au niveau de gros orteil  au bout de trois lavages. Les chaussettes en PMA, c’est très important. Cul nu, les jambes écartés et la tête du Dr Machin s’afférant dans ton intimité, elles sont le dernier vestige de ta dignité. Si elles sont trouées, tu as juste envie de mourir. Alors, toi, fabriquant de chaussettes de merde, saches que tu es une ordure. Tu ira en enfer et ta punition sera de te faire échographier la prostate pour l’éternité. La fille ne te salue pas.

La fille qui poussait un coup de gueule

Avant, la fille pensait qu’il y avait des couples infertiles et puis c’est tout. Avant, elle pensait que peu importe  pourquoi on se retrouve à 7 heure du mat avec une sonde à échographie dans la chatte, on était toutes dans la même barque. Avant, elle pensait que la souffrance, l’isolement, l’angoisse, la colère, l’espoir étaient les mêmes pour toutes.

Mais ça c’était avant.

Aujourd’hui, et de plus en plus, il  semblerait que chacune doive prêcher pour sa paroisse qui est bien sûr moins vernie que celle d’à  côté. C’est le concours de celle qui a le plus la lose, la course du « moi c’est plus pire que toi« . Une insuffisance ovarienne ne vaudrait pas une azoospermie (trop facile, tu passes direct au don) qui serait plus pire qu’un syndrome OPK (il parait que quand t’ovules, tes ovocytes sont top) qui serait moins cool qu’une OATS modérée (les spermatozoïdes, c’est limite si ça sert à rien) et ainsi de suite. Amen. Médaille d’or à celles qui n’ont plus d’utérus.

Super.

Tout le  monde est d’accord pour dire que la souffrance n’est pas quantifiable, qu’il n’y a pas de hiérarchisation de la douleur. Et pourtant, en lisant certaines, on peut se demander. Faut dire que c’est tentant. On aime tellement s’entendre dire que nous on a plus de raison d’aller mal que la voisine ou qu’on a plus de mérite d’aller bien. Bon et puis après? Ça rime  à  quoi tout ça? Pourquoi ce compartimentage en fonction de l’origine de l’infertilé? Qu’est-ce que on a à foutre de ne pas être enceinte à cause d’une insuffisance ovarienne sévère ou d’une oligo-asthéno-thératospermie? Qu’est-ce que ça change à ce qu’on ressent quand on se prend un négatif dans la tronche? Et quid de l’infertilité inexpliquée?

Comment peut-on reprocher aux fertiles de ne pas faire d’efforts pour nous comprendre, de manquer de tact,  quand nous-même on ne se considère pas toutes sur un même pied d’égalité? On veut de la surenchère? On veut du « plus pire »? On veut du mélodrame? Alors allons-y. Mais attention, faut pas se contenter de l’infertilité, c’est petit joueur. Faut tout donner, tout déballer. Viol (très bien le viol), cancer (bon point aussi), père alcoolique (super), mère violente (génial), deuil, suicide, anorexie, chômage longue durée, harcèlement moral, conjoint volage, agression physique, précarité, maladie mentale, handicap, sclérose en plaque, surdité, brûlures aux troisièmes degrés,  accident de la route, attentat suicide, guerre, exil, prison, proche assassiné sont autant d’évènements qui peuvent nous faire gagner des points. Ce serait dommage de s’en priver.

La fille peut dors et déjà t’annoncer qu’elle ne remportera pas la palme de la lose, son frottis est normal. Elle s’en fout, elle a autre chose à foutre que de comparer ces cicatrices visibles ou invisibles avec celles des autres. Elle vous laisse le titre.

A bon entendeur, salut.

 

P.S : Ça faisait longtemps que ça la démangeait. Elle ne vise personne en particulier, c’est un sentiment général et peut-être infondé. On pourrait sûrement lui faire le même  reproche mais merde à la fin, on est bien connes. Dommage.